Noël à Thetford Mines au début du XXe siècle

Publiée le 19 novembre 2021 par Logann Morissette

En 1922, la crise de chômage dans le monde ouvrier plane et menace l'économie locale. Pourtant, l'Église, par l'entremise du Canadien, média populaire à l'époque, tente de relever le moral de la population en insistant sur la nature religieuse et familiale de la fête de Noël. Il rappelle que « toute épreuve nous vient de la main de la providence et que cette même main est toujours tendue vers le monde pour relever les courages abattus et essuyer les larmes répandues ».

On sent donc la force du caractère religieux qui, à cette époque, accompagne les célébrations telles que Noël au Québec. La fête qui rend honneur à Santa Claus doit nourrir la foi et les liens familiaux : les amusements parfois profanes ne doivent pas diluer ou même pervertir la source de la fête.

Caractère religieux, union familiale... charité de l'âme, élévation de l'esprit sont des thèmes récurrents dans Le Canadien. Mais qu'en est-il des festivités à Thetford Mines et au Québec?

Au Québec, la fête de Noël commence avec le premier dimanche de l'Avent, vers la fin novembre ou début décembre, et se termine le 13 janvier. Les Thetfordois et Thetfordoises  sont conviés - le mot est faible - à assister à trois messes à l'Église St-Alphonse ou Saint-Maurice : la messe de minuit, la messe de l'aurore et la messe de jour. On propose également un programme à l'Hôpital St-Joseph de l'époque.

La guignolée à Thetford Mines lors de Noël

Au départ, la guignolée à Thetford Mines durant la période des fêtes de Noël est organisée la veille du jour de l'An. Au milieu des années 1920, on la déplace à la veille de Noël. Les gens se déplacent de maison en maison en chantant « La Guignolée ».

Selon les années, la quête est effectuée par différents individus ou groupe. Par exemple, en 1927, la conférence St-Vincent-de-Paul aidée des jeunes gens de l'oeuvre de la Jeunesse effectue la guignolée. Or, en 1925, ce sont les Chevaliers de Colomb qui effectuent la collecte.

De considérables sommes sont récoltées lors de cette activité de charité. 500 $ est récolté en 1920, dont 300 $ en argent et 200 $ en denrées tels que des vêtements et de la nourriture.

Qu'en est-il des commerces et boutiques du centre-ville de Thetford Mines?

La ferronnerie Demers, située au 303 Notre-Dame à l'époque, offre une multitude de jouets pour enfants et en fait large promotion. Tous les jours, de 14 h 30 à 17 h (année inconnue), le père Noël reçoit les enfants sur place. 

King's Cash store (bâtiment situé au 262, Notre-Dame Ouest) occupe une grande place dans le coeur des enfants à Noël : en effet, 2000 sacs de bonbons d'une demi-livre chaque sont distribués en 1915. Il propose également le chocolat de marque « Paterson » et des bonbonnières variant de 0,50 $ à 5 $.

Fait cocasse, le commerce L. Weinstein Son & Co indique, dans sa publicité de 1925, que le traîneau du père Noël est tiré par des chèvres.

Donner des cadeaux va de soit durant ces années. On donne des cadeaux non seulement à notre famille, mais également aux policiers. Certaines compagnies, comme la mine King en 1918, remettent des cadeaux à ses employés de bureau. Ces derniers gagnent de 20 à 30 $ de moins par mois que les journaliers.

La Pâtisserie de Thetford, qui appartient à J.A. Brodeur et située au 273, rue Notre-Dame, propose des desserts copieux. Dans une publicité, elle rappelle l'importance de placer commande pour le temps des Fêtes. Bûches, gâteaux et pâtisseries sont disponibles pour les Thetfordois et Thetfordoises.

L'achat local constitue, même en 1927, un enjeu prioritaire, comme le rapporte un article du Canadien intitulé Restons Chez nous : « Il est regrettable de voir un grand nombre de nos concitoyens aller porter leurs économies dans d'autres villes [...] prenons ce qu'on nous offre car le choix est considérable chez nos marchands et les prix sont aussi bas sinon plus ».

Enfin, rappelons qu'à l'époque il existe une forte division des cadeaux remis en fonction de l'âge et du sexe. Ainsi, papa recevra un agenda ou une cravate tandis que maman recevra des gants doublés ou une sacoche de soie. Encore une fois, les publicités dans Le Canadien suggèrent les cadeaux à acheter.

Somme toute, les traditions de Noël sont inscrites dans notre patrimoine depuis longtemps. L'achat local chez nos commerçants, la guignolée et l'influence religieuse accompagnée de ses valeurs constituent les fondements de Noël durant les années 1915-1935.

 

 

Texte: Charles Ostiguy, artiste pluridisciplinaire et chansonnier

Image : Tourisme Région Thetford

Source : GARNEAU, Stéphan (2020). « Santa Claus à Thetford Mines : Les célébrations de la fête de Noël (1915-1935) », Centre d'archives de la région de Thetford, 82 pages.

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